9es Rencontres pour la Recherche en Soins en Psychiatrie.

Organisées par ADRpsy Association pour le Développement de la Recherche en Soins en Psychiatrie.

La recherche participative en psychiatrie : injonction ou opportunité ?

Argumentaire :

Au fil des dernières décennies, l'inclusion des personnes concernées dans les processus de recherche et de soins est devenue un enjeu incontournable. Le concept de participation a ainsi pris une place centrale dans la recherche en santé, et plus particulièrement en psychiatrie.
La littérature montre que l'engagement des personnes concernées dans la recherche, ainsi que dans la co-construction des soins, est de plus en plus reconnu comme essentiel. Des articles récents comme celui du Lancet Psychiatry (2024)1 soulignent la nécessité de repenser la manière dont la recherche en psychiatrie est conduite, en passant d'une approche strictement académique à un modèle où les personnes concernées sont des partenaires actifs.
La recherche participative vise à impliquer activement les personnes concernées, les soignants et l’ensemble des parties prenantes dans les processus de création de savoirs, avec pour objectif de renforcer la pertinence, la légitimité et l'impact des études menées. Ce modèle participatif a contribué à humaniser la recherche, à promouvoir la voix des personnes concernées et de leurs proches, en encourageant une meilleure intégration des savoirs expérientiels, académiques et professionnels.
Cependant, cette perspective soulève aujourd'hui de nouvelles interrogations.
Les modalités d'engagement sont multiples et ne se limitent pas à la simple "participation". Consultation, collaboration, partenariat, ou encore participation, ces termes recouvrent des dynamiques variées, qui influencent différemment la pratique clinique et les avancées de la recherche.
Cette « participation », fondée sur l’idéal d’un engagement volontaire, doit néanmoins nous interroger sur la véritable nature de cette implication et sur le risque de l’instrumentalisation de la recherche. En effet, lorsque la participation s’érige comme une nouvelle norme pour légitimer la production de savoirs scientifiques, le processus participatif doit rester questionnable notamment pour que les personnes concernées restent bien les bénéficiaires de ladite « recherche participative » : s'agit-il d'une réelle co-construction ou simplement d'une application formelle des exigences institutionnelles et éthiques ? Le caractère systématique de la recherche participative ne risque-t-il pas de diluer son sens originel ? Par ailleurs, cette approche est-elle toujours adaptée à tous les contextes, notamment en psychiatrie, où les spécificités des personnes concernées et des équipes soignantes peuvent rendre la participation complexe ?
En France, la recherche participative reste minoritaire et questionne des aspects épistémologiques ainsi que les rapports de pouvoir. Dans une discipline pouvant restreindre certains droits, intégrer un usager uniquement pour légitimer l’emploi du terme « participatif » respecterait peu la rigueur exigée par cette méthodologie militante.
Ces interrogations sont au coeur de ces rencontres. Nous proposons de questionner le concept de "participation", à travers une réflexion sur son évolution, ses apports, mais aussi ses dérives potentielles. Ces journées visent à explorer différentes formes d’engagement en mettant en lumière à la fois les opportunités et les défis qu'elles représentent. L'objectif est d'ouvrir un espace de dialogue entre chercheur.es, soignantes et personnes concernées, pour mieux comprendre comment ces différentes formes de participation peuvent être mises en oeuvre. Nous souhaitons adopter une approche nuancée et tournée vers les bonnes pratiques.
Ces 9èmes rencontres, organisées par l’ADRPsy et le Grieps, auront lieu les 3 et 4 Avril 2025 au centre Valpré (Lyon Nord). Ces journées de partage et d’échange évoluent, mais restent indépendantes de tout portage hospitalier ou financement de laboratoire. Notre priorité est de continuer à rassembler, connecter et mettre en lumière des soignant(e)s curieux, engagés, persévérants et créatifs, qui mènent leurs travaux ou projets de recherche dans un contexte souvent difficile, marqué par de nombreux obstacles. À travers ces parcours inspirants, nous nourrissons l’envie de progresser et d’aller vers des changements constructifs, tant dans la recherche que dans les pratiques de soins.