Qu’entendons-nous par « adolescence » ? Quelles sont les catégories sociales, morales et identitaires cela sous-tend mobiliser ? Sa définition, par l’Organisation Mondiale de la Santé (2015), - comme la période de croissance et de développement humain qui se situe entre l’enfance et l’âge adulte, entre les âges de 10 et 19 ans -, laisse apparaître une conception simpliste d’une réalité socioculturelle complexe. Or, la pluralité des termes utilisés (adolescence, puberté, jeunesse pour ne citer que ceux-là) pour parler de ce phénomène ne fait aucun doute de la nécessité de rendre compte de la complexité du champ sémantique qui y est associé et les données d’ordre physiologique, psychologique, culturel et social qui sont en interaction (Emmanuelli, 2021).  De plus, en se détachant des critères identificatoires globaux (classe d’âge, transformations physiologiques ou vulnérabilité), l’adolescence dans les pays du Sud, à l’instar de ceux du Nord, se caractérise avant tout comme une zone trouble qu’il est nécessaire d’interroger (Claes, 2011 ; Sawyer et al., 2018). Elle est porteuse d’une ambivalence fondamentale, étant à la fois une réalité négative, quand elle désigne une période de crise et une culture d’irresponsabilité (Galland, 2001), et une réalité positive, quand elle se réfère à une forme de réflexivité juvénile, de connaissance et d’engagement envers soi, dévoilant ainsi une capacité d’agir et d’autonomie.